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Le procès de l'herboriste, un long-métrage sorti le 30 juin au cinéma.
Pour être transparente avec vous, à aucun moment je ne pensais assister à une telle projection. La réalisatrice, Agnieszka Holland a toujours été connue pour avoir créé des films tant historiques que politiques mais cette fois-ci, dans Le procès de l'herboriste, elle a souhaité mettre en valeur une histoire passée et réelle d’un herboriste accusé à tort par le régime communiste tchécoslovaque. Elle fait également un parallèle avec ce qu’il se passe actuellement dans ces pays où beaucoup ne permettent pas de liberté d’expression.
Avant tout, voici un petit ou grand résumé (cela dépend de la notion de chacun, haha) de ce fameux film. Ah oui et attention au spoile, alors pour tous ceux qui souhaitent le voir, zapper avant que la faute ne me retombe dessus 😁.
Le procès de l'herboriste raconte l’histoire d’un guérisseur-herboriste, Jan Mikolášek.
Son mode de fonctionnement ou comme certains diront, son Don ? L’urine.
Si vous vouliez le consulter, en passant du bobo anodin au cancer fatal, vous deviez lui apporter un flacon d’urine stérile de moins de trois heures à l’aide duquel il était capable de pratiquer un diagnostic parfait à partir de la couleur, de la densité et des résidus potentiels. Dans la foulée, il vous prescrivait le remède adéquate à base de plantes fabriquait sur place par ses équipes et lui-même.
Cette faculté de soigner par les plantes est apparue dès son plus jeune âge. Il occupait tout son temps à aider son père jardinier de métier. La technique et la maitrise du diagnostic par l’urine, il la doit à une vielle guérisseuse qui lui servit de mentor… Elle aussi travaillait avec les plantes : guérisseuse-herboriste.
Une foule innombrable de personnes se déplaçait pour obtenir un diagnostic du « fameux
guérisseur ». Cet engouement a commencé à déranger le régime tchécoslovaque qui a décidé d’évincer Mikolášek pour lui faire stopper toutes ses activités et retrouver à nouveau la main sur le monde de la santé. Jan fut donc accusé par l’état tchécoslovaque d’avoir empoisonné deux de ses patients avec ses remèdes.
C’est à partir de ce moment que la réalisatrice met en place des flashbacks de la vie de Mikolášek.
Chaque instant fort de sa vie a été mis en avant. Dans ces retours en arrière, nous apprenons qu’il a sauvé la jambe de sa sœur infectée par la gangrène mais aussi celle de la fille de l’ancien président de la Tchécoslovaquie, Antonín Zápotocký. Nous découvrons
également qu'il a fait la guerre tchécoslovaque, une partie de sa vie qui l'a fortement marqué, puis son apprentissage auprès de la dame âgée mais aussi ses débuts et la fin de sa carrière. Plus tard dans le film, nous nous apercevons qu'Agnieszka Holland a longuement appuyé sur un passage de sa vie très important : son aventure amoureuse avec son assistant, František Palko, que Jan a trahit durant le procès.
Tout au long du film, nous faisons face à une sorte de storytelling, c’est-à-dire, que Jan Mikolášek se confie sur toute son existence, en prison, à son avocat mais aussi à nous, cinéphiles. Un processus qui, je trouve, nous permet de correctement s’ancrer dans le film ainsi que l’époque.
C'est assez intéressant de voir l'évolution de cet homme sur le plan professionnel et personnel. Mais ce qui nous interpelle particulièrement, une avancé dans l'histoire, est son comportement paradoxal. Le guérisseur pouvait être très froid et très dur avec ses patients, avec sa sœur en ne montrant jamais aucun signe de compassion. Comme le passage avec sa sœur où il reste insensible à ses supplications (« il m’a laissé m’humilier »). En effet, pour contextualiser, sa sœur souhaitait emprunter de l’argent à son frère, Jan, pour sauver la vie de sa fille retenue en otage.
Pour justement le convaincre, elle l’a supplié, s’est mise à genoux mais celui-ci n’a même pas daigné lui adresser un simple mot.
Il avait également des mots durs ainsi que des pensées contraires avec son collaborateur amant. Notamment, lorsque Mikolášek a appris que Palko allait devenir père. Il lui demanda alors de ne pas le garder en lui tendant un mélange de plantes (« Fais le boire à ta femme ») tout en promettant qu’elle ne sentirait rien.
Comment peut-on dévouer sa vie à guérir et en même temps être l’auteur d’un avortement ? Tous ses actes dessinent un portrait assez sombre du guérisseur-herboriste, Jan Mikolášek.
D’un autre côté, dans le long-métrage, nous apercevons un autre visage de l’herboriste, plus doux, passionné, dévoué, préoccupé et généreux.
Sur un coup de tête il offre à une mère assez d’argent pour pouvoir emmener son fils au bord de la mer. Il en allait de la santé du petit garçon qui manquait de soleil.
Généreux et préoccupé aussi, car finalement, il avait déjà préparé une enveloppe remplie de billets pour aider sa sœur a récupéré sa fille.
Passionné, donc et dévoué, les derniers mots représentant Jan Mikolášek. Passioné par son métier, il aimait guérir les malades, il aimait les aider, pour lui c'était toute sa vie, prêt justement à l'y laisser. Il avait un besoin incontrôlé de s'asseoir et diagnostiquer comme beaucoup de thérapeutes. C'est à peu près ce qu'il s'est passé.
Une nuit, peu avant son arrestation, un ancien patient guéri et actuel membre du gouvernement tchécoslovaque, l'informe que quelque chose est en train de se monter contre lui et qu'il serait mieux pour lui de quitter le pays. Mais tellement attaché au bien qu'il procurait et au besoin de continuer à soigner. Cette suggestion n'était alors concevable de quitter les lieux et d'abandonner toutes les personnes qui avaient encore besoin de son savoir.
Pour conclure, c’est toujours fascinant et captivant de connaître la vie d’un homme qui a marqué une ville, un pays, le monde, une ère, une décennie, une année ou bien encore une cause. Cela permet de nous transmettre de l’espoir, du courage, de la détermination… Je vous le recommande à 100 %. C'est impressionnant d’être face à une personne capable de connaître votre santé rien qu’avec un échantillon d’urine et de vous guérir tout simplement avec des plantes. Nous sortons de cette séance avec une forte envie de regarder la nature et ce qui nous entoure d’une autre façon.
Mais surtout, nous pouvons nous demander, où est la véritable science ? Médecine naturelle ou allopathie ?
Ah oui, mince, avant de terminer cet article, savez-vous ce qu’est devenu Jan Mikolášek Eh bien figurez-vous que moi non plus, je ne le savais pas et c’est peut-être le seul bémol de ce long-métrage, ne pas avoir mis quelques lignes à la fin pour nous expliquer la fin de vie de ce guérisseur-herboriste connu.
Mais pour vous et surtout pour combler ma curiosité, j’ai fini par trouver, après des heures de recherches.
Après avoir trahit son amant Palko, Jan a finalement été condamné à 5 ans de prison non pas pour homicide volontaire et empoisonnement mais pour fraude fiscal et escroquerie. Le verdict contenait également, la saisie de tous ses biens par l'état tchécoslovaque.
À sa sortie, il se retrouve donc sans aucun sou, sans aucun toit sur la tête et sans rien à manger. Il n’exerce plus. Il finit par trouver refuge chez un médecin pragois qui le respectait et l’admirait énormément.
Quelques années plus tard, il meurt dans l’anonymat, le 29 septembre 1973. Les raisons de sa mort n’ont jamais été évoquées.
Pour compléter cet article, je vous laisse ci-dessous une petite vidéo d'un mes tutos justement sur ce film .